Une journée à Tchernobyl


Un peu plus de 25 ans ont passé depuis la catastrophe de Tchernobyl survenue à 1h24 dans la nuit du 26 avril 1986...

Le 8 juin 2011, après environ 1h30 de route depuis Kiev, premier checkpoint - Dytyatky (Дитятки) - pour l'entrée dans la zone d'exclusion de Tchernobyl, une zone d'un peu plus de 30 kilomètres autour du fameux réacteur 4. Et puis le voyage commence, une longue route vers Tchernobyl où nous passons chercher le guide pour la journée. Comme lui, près de 4000 personnes vivent - à temps partiel - à Tchernobyl. Après quelques formalités administratives et une explication détaillée du déroulement de l'accident du 26 avril, nous commençons la journée par un arrêt au mémorial dédié aux pompiers situé devant la caserne de la ville. Ces pompiers, premiers arrivés sur les lieux sont tous décédés dans les semaines qui suivirent la catastrophe.

Ensuite, c'est le checkpoint de la zone des 10 kilomètres, zone totalement inhabitée. Le premier arrêt dans cette zone, les cheminées de refroidissement des réacteurs 5 et 6 restées inachevées. Juste à côté, une petite usine d'élevage de poissons qui a servi après l'accident comme laboratoire pour effectuer des analyses. Et puis, enfin, le sarcophage apparait, au loin mais immédiatement reconnaissable. Un autre arrêt permet d'apercevoir les bâtiments des réacteurs 5 et 6, eux aussi restés inachevés. A l'opposé, à côté du sarcophage recouvrant le réacteur numéro 4, on peut voir les bâtiments abritant les réacteurs 1, 2 et 3 dont le dernier a été arrêté en 2001. Et puis il est temps d'aller voir ce fameux réacteur numéro 4 mais pas sans avoir d'abord nourri les énormes poissons chats qui vivent tranquillement dans le lac servant autrefois au refroidissement de la centrale.

Et le voici enfin, le si connu sarcophage, à une petite centaine de mètres à peine et près duquel le compteur Geiger crépite tranquillement aux alentours des 15-20µSv/h ce jour-là. Malheureusement, impossible de s'en approcher plus et encore moins d'y entrer. Il est maintenant temps de se rendre dans la ville abandonnée de Pripiat dans laquelle environ 50 000 personnes vivaient au moment de l'accident.

Un dernier checkpoint à l'entrée de Pripiat - celui-ci pour éviter les pillards - et nous voici au milieu d'une ville fantôme où petit à petit la nature reprend ses droits. Nous commençons la visite par la place centrale de la ville et une ascension de l'hôtel. Le bâtiment est jonché d'objets divers, et dans une des chambres, un locataire inattendu - un arbre - a pris place. Enfin, nous arrivons au sommet et à l'horizon à quelques kilomètres, encore et toujours le réacteur 4 rappelle sa présence. Nous enchainons ensuite par le centre culturel de la ville et sa grande salle multisports. Par les fenêtres, du moins ce qu'il en reste, nous apercevons le très connu parc d'attractions qui est d'ailleurs la prochaine destination. Le parc, rouillé, à l'abandon, n'a jamais pu ouvrir et faire le bonheur des enfants, il devait être inauguré peu après l'accident. Et puis, le compteur Geiger crépite à nouveau, le guide indique quelques endroits riches en Cesium-137. Après un bref passage au supermarché de la ville, direction la piscine, vide aujourd'hui mais tout de même utilisée par les travailleurs pour se détendre pendant quelques années après la catastrophe. Et puis, nous repartons en voiture, direction le jardin d'enfants, truffé de jouets en tout genre et surtout... de masques à gaz, par dizaines, jonchant le sol.

Il est maintenant temps de déjeuner, nous sortons donc de Pripiat et nous nous rendons à quelques kilomètres de la centrale nucléaire à la cantine des employés, mais pas avant de passer un contrôle de radiation. La nourriture vient de Kiev nous assure-t-on. Après ce repas très spécial, il est temps de repartir pour Pripiat.

Nous commençons cette fois par l'école de la ville, en partie effondrée. De là on peut voir les murs penchant dangereusement et voués à s'écrouler complètement dans le futur. Non loin de là, c'est l'hôpital de Pripiat qui nous attend et plus particulièrement la maternité. Ce bâtiment est le plus glauque de la journée. Rempli de lits pour les nourrissons, de salles d'accouchements, de seringues, ... Pripiat était en effet une ville très jeune avec une moyenne d'âge aux alentours des 30 ans. Nous terminons la visite de Pripiat par la station de police de la ville et ses cellules, le couloir est si sombre que seul le flash de l'appareil photo nous permet de nous repérer et de ressortir du bloc carcéral.

La journée touche presque à sa fin, nous faisons un détour par le cimetière de bateaux. Le guide m'indique un bateau nommé " Stalker " ayant donné son nom au jeu vidéo du même nom et se déroulant dans la zone d'exclusion de Tchernobyl. Avant de déposer le guide à ses appartements, nous faisons un dernier arrêt dans un cimetière de véhicules ayant servi aux liquidateurs. Certains d'entre eux sont restés très radioactifs.

Et voilà, il est temps de quitter la zone après cette journée beaucoup trop courte et de retrouver l'étouffante ville de Kiev. Un relevé des doses de radiations de la journée permet d'observer la radiation toujours présente aujourd'hui dans la zone mais qui est tout de même relativement faible. Une journée dans la zone équivalent à peine à la dose de radiations reçue lors d'un vol transatlantique.

 

Mesures de Radiation